Aujourd’hui installée à Berlin, l’illustratrice luxembourgeoise Viktoria Mladenovski connaissait bien les Rotondes pour y avoir assisté à quelques concerts. Mais lorsqu’elle a reçu un e‑mail de notre équipe lui demandant si elle serait intéressée par une collaboration sur un Wimmelbuch, cela semblait presque trop beau pour être vrai. C’était pourtant le début d’un projet long de 17 mois. Viki nous en dit plus sur la naissance du Wimmelbuch Rotondes et sur la façon dont elles vont perdurer.
L’illustratrice « C’était passionnant de pouvoir aller dans les coulisses ! »
Viki, on a déjà pu voir les premiers exemplaires du livre et évidemment, on adore ! Mais dis-nous : pourquoi as-tu accepté de le faire ?
Viktoria Mladenovski : Ce que j’ai aimé, c’est qu’on me demande de passer du temps aux Rotondes pour rencontrer et parler aux gens, et pour me faire une idée du lieu. Ca m’a paru fort différent de ce que je fais d’habitude. Normalement, je travaille à mon bureau, j’envoie des e‑mails aux gens ou je les vois par Zoom. Ici, il y avait quelque chose très personnel dans le sens où je pouvais être là physiquement et explorer l’espace. C’était un peu intimidant au début de se promener seule et de rencontrer toutes ces nouvelles personnes, alors j’ai fait une liste de questions pour que tout le monde me parle de son travail, me raconte des anecdotes amusantes ou mémorables, ou de la façon dont il/elle souhaitait être représenté·e dans le livre. Être autorisée à entrer dans les coulisses a vraiment été une expérience passionnante !
Qu’est-ce qui a constitué le plus grand défi pour toi dans ce projet ?
V.M. : Je n’avais jamais créé un livre auparavant, donc le projet m’a fait sortir de ma zone de confort. La plupart du processus était nouveau pour moi, j’avais conscience que beaucoup de choses pouvaient mal se passer, alors j’ai essayé de planifier soigneusement chaque étape. J’ai beaucoup réfléchi, même pour la partie « dessin » parce que je n’avais jamais travaillé sur des images aussi chargées, et que j’ai aussi dû dessiner beaucoup d’objets que je n’avais jamais dessinés auparavant.
Compte tenu de la longueur du projet, je suis passée par plein d’émotions, de la joie et de l’enthousiasme mais aussi parfois un peu de panique et le sentiment d’être un peu dépassée. C’est assez courant pour un projet plus long, je dirais, quand on a le temps de trop réfléchir ! Finalement, cela a renforcé ma confiance en mes capacités, cela a confirmé que je pouvais faire quelque chose d’aussi nouveau et d’aussi grand qu’un livre.
De quelle manière t’es-tu appropriée le livre, même s’il est entièrement consacré aux Rotondes ?
V.M. : D’abord, je pense que le style est très reconnaissable, c’est bien le mien. Dans mes illustrations, j’aime utiliser des couleurs joyeuses et gaies, et ajouter des personnages originaux. On trouvera de nombreux animaux et insectes, à qui j’ai ajouté des oreilles rigolotes même si anatomiquement parlant, ce n’est pas du tout correct. J’accorde aussi une attention particulière à la mode et aux vêtements, et à la manière dont les personnages sont représentés. J’essaie de ne pas leur attribuer un sexe spécifique, je crée simplement une personne et je la laisse être elle-même. À partir de là, le/la lecteur·rice est libre d’interpréter leurs histoires comme il/elle le souhaite.
Ça me rappelle que la première page a été montrée à des écolier·ère·s et que leurs commentaires disaient que cela ressemblait à un endroit où l’on peut être ce que l’on veut.
V.M. : J’ai été tellement touchée d’entendre ça, j’en ai pleuré un peu. Parce que c’est comme ça que je dessine, et c’est exactement ce que je recherchais : que tout le monde soit heureux·euse et se respecte les un·e·s les autres.
Les Wimmelbücher sont généralement destinés aux enfants, mais on voulait que celui-ci attire aussi les adultes. Comment as-tu abordé la question ?
V.M. : Ça peut être assez compliqué d’atteindre un public très large. Plus tu es précis·e, plus tu peux vraiment te concentrer sur un élément qui plaira à ton public cible. Ici, j’ai essayé de rendre le livre attrayant pour tout le monde en créant des personnages de tous les âges : adolescent·e·s, adultes, bébés, enfants.
J’ai aussi essayé de penser à des blagues qui pourraient être drôles pour les enfants comme pour les adultes, des éléments que je pourrais intégrer et que les enfants trouveraient amusants aussi. Larisa [Faber, ndlr] m’a beaucoup aidée sur ce point, elle m’a dit de chercher ce que les enfants aiment. Mes insectes, mes chats et mes chiens sont vraiment pour eux.
Personnellement, les Wimmelbücher m’amusent beaucoup. On cherche différents personnages pour voir ce qu’ils font page après page, et il y a généralement beaucoup d’humour dans ces livres. C’est la formule dont je me suis inspirée.
Pour le lancement, tu feras revivre l’univers du Wimmelbuch Rotondes dans un concert dessiné, et tu créeras également une animation avec quelques personnages pour le loop.
V.M. : Il va se passer tellement de choses pour le lancement du livre ! J’ai l’impression qu’il continue à vivre, que ce n’est pas un produit fini. C’est très intéressant de pouvoir y revenir au lieu de simplement le terminer et de passer à autre chose. J’ai plus de temps pour réaliser que c’est ma création et pour célébrer ce moment.
Le concert dessiné porte davantage sur le monde onirique que j’ai créé dans les nuages au-dessus des Rotondes, tandis que le loop se concentrera sur ce qui se passe au sol, sur les différentes scènes. Je fais revenir quelques personnages du livre mais c’est difficile de choisir lesquels.
Me perfectionner en animation était à mon programme pour 2024. Même si je suis encore en train d’apprendre, j’adore tout le processus de création d’images animées, c’est magique ! Le loop est un bon terrain de jeu et on m’a dit que je pouvais en faire ce que je voulais. C’est ce que j’aime chez Rotondes : la confiance est toujours là. En tant qu’illustratrice, la confiance est l’un des éléments les plus importants d’une collaboration réussie. Et c’est exactement ce que les Rotondes m’ont apportée tout au long de la création du Wimmelbuch. J’avais l’impression de pouvoir pleinement m’épanouir, et je sais que ce sera la même chose avec le loop : un processus agréable et fluide pour me permettre de découvrir qui je suis en tant qu’illustratrice.
Viktoria a passé tellement de temps aux Rotondes qu’elle fait pour ainsi dire partie de l’équipe. Est-ce que cela veut dire qu’elle figure aussi dans le Wimmelbuch ? Peut-être ! Procurez-vous un exemplaire pour le savoir !