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L’équipe « La façon de présenter les choses n’est jamais innocente. »

Pourquoi le Wimmebuch est un format qui colle parfaitement aux Rotondes.
© Nathan Roux

Si vous pensez que publier un livre de 7 doubles-pages sans texte, c’est simple et rapide, détrompez-vous ! Au nom des nombreuses personnes impliquées dans le projet, Laura Graser (à gauche sur la première photo), Lucie Schroeder (à droite) et Marc Scozzai partagent avec nous les moments forts de la (loooongue) préparation du Wimmelbuch Rotondes.

Les Rotondes avaient édité D’Sandmeedchen, un livre en réalité augmentée, et le flipbook Tandem Running. Avec le Wimmelbuch Rotondes, on est à nouveau dans un format original. D’où est venue l’idée ?

Laura : Personnellement, je trouve les Wimmelbücher supers, j’ai pris beaucoup de plaisir à les regarder avec mes enfants. C’est une forme de storytelling à la croisée de plusieurs disciplines et on a vite réalisé que ça pouvait être un chouette objet artistique et support pédagogique pour montrer ce que sont les Rotondes.

Lucie : Le format Wimmelbuch fait vraiment sens pour les Rotondes, il colle à ce qu’on fait : il y a plein de gens différents qui travaillent ici, des publics différents aussi, et il y a toujours quelque chose qui s’y passe.

Laura : Ça wimmeln [en français : fourmiller, foisonner, ndlr] tout le temps ici, donc on a transposé l’idée ! [sourit] Il faut faire la distinction entre les Wimmelbücher où il se passe plein de choses sur chaque page et les livres où des personnages et des actions font le lien entre les pages. On a préféré la seconde approche.

Marc : On a surtout cherché à le faire à la sauce Rotondes, de manière moins classique, moins fixée sur le jeune public mais ouverte à un public adulte curieux. Ça se traduit dans ce qu’on représente et dans la manière dont c’est présenté.

C’est là que le choix de l’illustratrice a été crucial. À quel moment avez vu su que Viktoria Mladenovski était la bonne partenaire pour ce projet ?

Marc : Un livre ne se fait pas en une saison et c’est encore un peu plus vrai pour celui-ci, notamment à cause des recherches qu’on a faites pour trouver la bonne personne.

Laura : Ce n’est pas un choix qu’on a fait à la légère. On a formé un groupe de travail, rédigé un cahier de charges, établi une shortlist, rencontré des gens…

Marc : On s’est vraiment demandé à qui on allait donner cette opportunité. Des tas de noms nous sont venus immédiatement en tête mais on ne voulait pas forcément quelqu’un avec qui on avait déjà travaillé. 

Laura : C’était important pour nous de donner cette opportunité à un ou une artiste du Luxembourg ou de la région.

Marc : Et à un ou une artiste qui vit de ça, c.-à‑d. un·e illustrateur·rice à plein temps, pas une personne qui a un job et qui fait ça à côté.

Lucie : Ce n’était pas non plus juste une question de style. On savait que ça allait être un projet de longue haleine, sur plus d’une saison donc la manière de collaborer était importante aussi. Aucun d’entre nous ne connaissait le travail de Viki avant. Quelqu’un est tombé sur son Instagram ou son site internet en faisant des recherches, et ça s’est fait comme ça.

Laura a mentionné un cahier de charges. Il demandait notamment une présence régulière sur le site.

Lucie : On a pensé que ce serait intéressant que Viki voie à quoi ressemblent les Rotondes quand on est sur des temps forts comme les Congés Annulés, Fabula Rasa ou le PICelectroNIC. On voulait qu’elle voie aussi les gros projets participatifs. Elle en a profité pour se poser dans un coin et observer, mais aussi pour rencontrer les membres de l’équipe et collecter des anecdotes marrantes à placer sur les double-pages du livre.

Est-ce que la trame du livre a été facile à trouver ?

Marc : Assez rapidement, on s’est mis d’accord avec Viki sur comment il allait s’articuler en fonction du nombre de pages qui était déjà fixé. On a d’abord décidé de tourner autour des bâtiments, avec une vue générale très dense sur la première double-page. On s’approche ensuite de la Rotonde 1, de la Container City et ainsi de suite, avec à chaque fois différents univers. À cela s’est rajoutée par la suite une déclinaison au fur et à mesure des saisons. Ça, c’était pour la charpente. Le reste s’est construit autour des personnages. Certains sont récurrents, on les retrouve sur toutes les pages en suivant une trame narrative.

Lucie : Dès les premiers croquis, on était convaincu·e·s. Viki a tout de suite compris ce qu’on recherchait. Les seuls ajustements qu’on a demandés étaient du style « retirer le personnage dans le gradin de la Black Box qui prend des photos », parce que ce n’est pas autorisé pendant un spectacle. [sourit] Mais ça relève du détail.

Très tôt, vous avez partagé des extraits du livre avec quelques classes du fondamental. Quels ont été les retours ?

Lucie : On a contacté des enseignant·e·s qui avaient suivi une de nos formations continues sur les albums jeunesse et on leur a demandé de montrer la première planche à leurs élèves pour savoir ce qu’ils/elles en tiraient, sans trop guider leurs réflexions.

Marc : Les plus petits décrivaient surtout ce qu’ils voyaient. Mais à partir du cycle 3, les enfants notaient la diversité des personnages, leurs vêtements, leur maquillage, etc. Ça leur faisait dire que le lieu qui était présenté était un endroit où tout le monde a le droit d’être soi-même et donc où ils/​elles pouvaient s’imaginer vivre. C’était super touchant.

Laura : Viki est très ouverte et insiste beaucoup sur la diversité. On est parti·e·s d’un livre sur les coulisses des Rotondes mais on voit que la manière de présenter les choses n’est jamais innocente : les images qu’on montre ont un impact, elles peuvent stimuler les lecteur·rice·s différemment en fonction de leur âge et de leur sensibilité.

Le Wimmelbuch Rotondes aurait pu faire l’objet d’une belle expo…

Marc : Quand on s’est lancé dans ce projet, on pensait en organiser une dans le cadre du temps fort Fabula Rasa 2025. Puis, les projets de rénovation du site se sont concrétisés et ce n’était finalement pas possible, faute d’espace.

Laura : On ne peut pas faire Fabula Rasa sous sa forme classique, mais le livre nous permet quand même d’appliquer la devise « Raconter des histoires autrement ». On le fait juste à notre sauce, avec ateliers, concert dessiné et animation digitale, le 26 janvier, pour la sortie du livre.