Parfois, les gens viennent manger une frite ou acheter une figurine Pokémon aux Rotondes. Puis, ils/elles regardent autour d’eux/elles et réalisent qu’on organise aussi des événements culturels. Le petit malin qui appâte les curieux∙euses avec les marchés, c’est Tom Karier, notre chargé événementiel.
Marchés Tom Karier
Tom, c’est bien malin d’attirer les gens avec de la nourriture, comme au eat it. Mais tu réponds quoi à celles et ceux qui demandent ce que des marchés ont à faire dans un centre culturel?
Aux Rotondes, on aime bien mélanger les genres et aller au-delà des idées préconçues. On ne considère pas que la culture s’arrête aux arts de la scène, aux arts visuels et à la musique. Pour nous, les jeux vidéo, les disques, la bonne bouffe en font aussi partie, au sens large, puisqu’il y a une part de création. C’est de la pop culture et ça a tout à fait sa place aux Rotondes. C’est vrai que les marchés agissent comme des aimants sur le quartier, la ville et au-delà, et ils attirent des publics différents. À chaque fois, c’est une opportunité de faire découvrir notre programmation, on aurait tort de s’en priver.
À celles et ceux qui connaissent le reste de la programmation mais pas les marchés, tu leur décrirais comment?
Notre ligne pour les marchés, c’est plus une vibe, on ne peut pas la définir en quelques mots. Tous les marchés ont une thématique différente donc un public et une ambiance qui changent d’une fois à l’autre. Je crois que le seul adjectif qui marcherait pour tous, ce serait « accessible », parce qu’ils sont gratuits, sympas, tout en décontraction. Ils sont à l’image de notre bureau : ils ne se prennent pas trop au sérieux.
Je rassurerais aussi ces gens-là en leur disant qu’on ne fera jamais concurrence au salon Vakanz ! On reste un centre culturel et surtout, on reste fidèle à l’esprit Rotondes. L’idée, c’est de faire découvrir de nouvelles choses, de mettre en avant des producteur∙rice∙s, designers, créateur∙rice∙s qui ne bénéficient pas d’un grand réseau de distribution. Le but est évidemment de les aider à vendre et à se faire connaitre mais notre démarche va bien au-delà du commercial.
Depuis quelques années, on travaille de plus en plus souvent avec des partenaires. Ça s’est fait naturellement ou c’est une démarche consciente de ta part?
Un peu des deux. Les marchés sont la prolongation de la démarche du département Socioculturel, chez qui des partenaires vont frapper avec une demande et si l’idée nous plait, on essaie de la concrétiser au mieux. Un bon exemple, c’est le Jingle Mingle X‑Mas Market pour lequel le collectif Augenschmaus est venu nous trouver. Ils apportent leur réseau et leur réputation et de mon côté, je dis « let’s make it happen » (sourire). Ce n’est pas forcément un processus rapide, il se passe parfois plusieurs saisons avant qu’un projet ne soit monté. Mais on est toujours ouvert aux suggestions.
À côté de ça, pour le Super Maart, je sélectionne les exposant∙e∙s de la Galerie et en plus, j’invite un partenaire différent chaque saison pour animer la Plateforme. Il a carte blanche pour créer un concept, imaginer la scénographie, inviter d’autres créatif∙ve∙s.
Depuis le temps que tu t’occupes des marchés, tu dois avoir pas mal d’anecdotes à partager…
Entre les histoires que je préfère oublier et celles que je ne peux pas raconter, pas vraiment, non ! (rires) Comme tout le monde, j’ai été marqué par la période Covid. Quand on y repense maintenant, on voit le côté absurde – nécessaire, mais absurde − de toutes les mesures qu’on a dû prendre pour retrouver un semblant de normalité et proposer de simples marchés : espacer les tables d’exactement 2 mètres, indiquer le sens de circulation, établir des créneaux horaires pour venir manger au eat it…
Le concept même d’un marché, c’est de toucher les trucs qu’on n’a jamais vus, de fouiller pour trouver ce qu’on cherche, de discuter directement avec les producteur∙rice∙s et créateur∙rice∙s. Organiser un marché dans ces conditions, ça peut sembler contre-nature a posteriori mais on n’a pas regretté d’avoir consacré des ressources supplémentaires pour le faire (en personnel, en temps, en logistique) parce que le public et les exposant∙e∙s étaient vraiment demandeurs. À la première édition de la Geek Foire en mai 2021, on ne pouvait accueillir que 200 personnes à la fois et les gens faisaient la file dehors jusque sur le trottoir.
Pour la saison 2023/24, on continue avec des marchés qui ont fait leurs preuves.
En effet, la Geek Foire, par exemple et puisqu’on en parle, sera de retour. La Bourse aux Plantes organisée par le CELL a été organisée 3 – 4 fois mais elle fait à présent officiellement partie de la programmation. Elle a toujours rencontré un beau succès et on avait envie de mieux la mettre en avant.
On a pas mal renouvelé l’offre des marchés depuis 2017. Seuls le We Ride, le eat it et la Foire aux Disques existaient déjà du temps du CarréRotondes. On a aussi essayé d’autres choses depuis mais tous les concepts ne sont pas faits pour être renouvelés. À l’inverse, à tout moment, on peut décider d’arrêter un marché qui dure et passer à autre chose, sans regret. J’imagine bien des formes plus petites ou plus de niche. On trouvera toujours de nouvelles thématiques à explorer, on est là pour ça.