Rosa Brignone Time for Equality
Rosa, d’où viennent le titre et le sous-titre des événements que l’a.s.b.l. Time for Equality organise aux Rotondes, Expressions of Humanity – What kind of world do we want to live in?
Rosa: En 2017, nous avons fait un premier événement sur le thème de la migration en collaboration avec une association française qui faisait du travail humanitaire dans les camps de réfugié·e·s près de Calais. Nous avons donné la parole à plusieurs personnes qui ont partagé leurs expériences C’était très puissant, il y avait beaucoup de monde et beaucoup d’émotion. On a senti qu’on pouvait créer des événements dans lesquels le public se sent en confiance.
Dès qu’on déshumanise une personne, elle perd ses droits. Alors nous avions appelé cet événement Expressions of Humanity pour justement humaniser les réfugié·e·s. Après cette première soirée marquante, nous avons décidé d’en faire un cycle dont les thèmes principaux sont la migration, les inégalités hommes/femmes et les violences sous toutes leurs formes.
Chaque événement comporte un élément artistique: la projection d’un documentaire, une exposition de photos, une lecture, de la musique,… Pourquoi ce choix dans votre programmation?
R.: Toutes les statistiques le disent : les groupes les plus vulnérables sont les femmes et les enfants, que ce soit pour des raisons structurelles, culturelles, de pouvoir économique, etc. Ces statistiques et autres rapports sont la base de nos réflexions mais avoir recours à l’art nous permet d’atteindre le public de manière plus forte, de le toucher. La sensibilisation est très importante : elle permet aux gens de découvrir des problématiques et conduit à une implication de la société.
Notre objectif général est de contribuer à une société plus égalitaire, plus équitable, dans laquelle les droits humains sont pleinement respectés. Chacun·e d’entre nous à un rôle à jouer mais il faut aussi agir sur les structures de pouvoir. Donc à côté de notre travail de sensibilisation, nous réalisons un travail de plaidoyer, en synergie avec d’autres associations, pour essayer d’avoir une influence sur les décideurs. (photo ci-dessous: Stefania Prandi)
Il y aura trois événements Expressions of Humanity en 21/22, dont le premier le 19 octobre. Quel en sera le thème?
R.: La soirée s’articulera autour du travail de la journaliste/photographe italienne Stefania Prandi dont nous avons déjà montré le documentaire Oro Rosso aux Rotondes. On lui demandé de revenir pour présenter Les conséquences sur le thème du féminicide. Elle est allée à la rencontre de proches de victimes pour rendre compte de ce qui se passe pour les familles quand une femme ou une jeune fille est tuée. On réalise que l’impact est très profond et sur un cercle très large. Les enfants deviennent orphelins, abandonnés par des institutions mal adaptées ; les mères deviennent activistes ; des questions se posent sur le traitement médiatique et le manque de préparation du système judiciaire,…
Stefania Prandi a tiré un livre de ces rencontres constitué d’interviews et de photos. Les photos seront exposées pendant 4 semaines sur le site des Rotondes, à l’extérieur. Elles seront accessibles et visibles par toutes et tous. Ces histoires vont donc quitter la sphère familiale et l’ombre pour devenir parties intégrantes de l’espace public et sources de discussion. On espère libérer la parole au Luxembourg.
Avez-vous vu une évolution dans les réactions du public au fil des ans?
R.: L’avantage d’organiser nos soirées aux Rotondes, c’est que le site a attiré un public plus jeune et plus varié que ce nous avions l’habitude de voir dans les conférences qui traitent de ce genre de sujets. Parmi le public, certain·e·s s’engagent, nous contactent pour devenir bénévoles chez nous ou dans d’autres associations. L’impact ne se mesurera que sur le long terme. Chaque soirée lance des pistes d’action, sème une graine. «Learn, share, take action»: c’est ça, notre devise.