Avant de commencer la résidence, à quel stade était le spectacle et comment celui-ci a‑t-il évolué ?
CG : Je dirais qu’on est toutes et tous arrivé·e·s avec la tête pleine d’idées en tout genre. On avait plein de scènes, de déroulés. Il y a aussi le fait qu’on n’a pas toutes et tous les mêmes contraintes si l’on est musicien.ne ou illustratrice. Nous on est dans la contrainte plastique, si jamais on doit recommencer, on doit reprendre une feuille car on ne peut pas effacer. On a eu la présence de Fabio Godinho pour avoir un regard extérieur aussi et ça nous a beaucoup aidés pour nous donner les outils pour communiquer, répéter et créer tous·tes ensemble. On a trouvé un langage et des timings qui nous correspondent et qui nous permettent de nous comprendre sur le moment. Et là il y a une vraie différence avec le début de la résidence, car maintenant on est capables de vraiment communiquer une émotion partagée.
GT : Puis là, c’est plus une création à quatre alors qu’au début on était peut-être un peu chacun de notre côté.
FK : Oui et chaque domaine, que ce soit la musique ou le dessin, a ses spécificités qui lui sont propres pour créer ou se concentrer. On s’était mis d’accord sur les scènes à faire, mais chacun avait un peu préparé de son côté, alors que maintenant on crée ensemble. Et dans la dynamique ça change beaucoup. Cette résidence arrive assez tôt dans la création, on avait eu 5 jours seulement avant pour commencer à créer et préparer le spectacle. Tout était encore assez frais et là on est toutes et tous content·e·s de cette résidence car ça nous a permis d’acter notre contenu, qui était encore flou, et surtout d’avoir des regards extérieurs. Avoir des idées et de voir comment elles vont être perçues par exemple. Car à la base, on n’est pas des gens qui écrivent des storyboards, on ne raconte pas d’histoires, ce n’est pas notre métier.
SR : Comme évolution par rapport à cette résidence, moi je dirais qu’il y a vraiment deux points sur lesquels on a beaucoup évolués : déjà sur ce que l’on raconte et comment on le fait. Et il y a aussi la manière dont on en parle entre nous. En dix jours on est beaucoup plus capables de se mettre autour d’une table et d’en parler.
GT : Pour revenir au contenu, c’est assez compliqué de mettre en forme les émotions, c’est assez flou, même assez personnel.
CG : Il y a beaucoup de contraintes, vu que l’on n’a pas de textes, ni de paroles, il faut réussir à communiquer avec la musique et le visuel.
FK : Et ce que je ne trouve pas facile, c’est qu’on a plus d’idées que pas assez, on est tous·tes assez créatif·ve·s et on a mille idées à la seconde. La difficulté, c’est de ne pas se marcher dessus, laisser les autres s’exprimer, mais pendant que tu parles avec un, les autres ont déjà dix nouvelles idées à la seconde. C’était compliqué de canaliser nos idées, trancher, choisir, expérimenter et finaliser.