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Zohra Mrad et Damiano Picci « Notre but est d’offrir la possibilité de faire un premier pas dans la création numérique. »

Zohra Mrad et Damiano Picci prouvent qu’il est possible de développer un outil de création que tout le monde peut utiliser.
© photo 1: Nathan Roux / photo 2: Zohra Mrad © D. Picci / photo 3: Damiano Picci

Cofinancé par l’Union européenne dans le cadre du projet GRACE – Interreg VI Grande Région

Retenu pour la Bourse Multiplica et la résidence transfrontalière organisée par les Rotondes avec la Ville de Metz et BLIIIDA dans le cadre du projet GRACE d’INTERREG IV Grande Région, _​First A/V est un dispositif de médiation artistique et de sensibilisation du jeune public aux arts numériques. Il s’agit surtout d’un outil de création que Zohra Mrad et Damiano Picci auraient aimé avoir entre les mains beaucoup plus tôt dans leur parcours.

Zohra, Damiano, comment a débuté votre collaboration sur _​First A/V ? Vous aviez l’air d’avoir une idée très précise de ce que vous vouliez faire avant même d’arriver à la première semaine de résidence.

Zohra : Quand je suis revenue à Luxembourg pour de bon, Damiano a vu mon portfolio et on s’est rendu compte qu’on avait plein d’envies communes. _​First A/V est un projet qui nous suit depuis assez longtemps comparé à tous les autres – depuis plus d’un an, en fait. On a d’abord travaillé sur cette idée suite à un appel de la Fondation Sommer. On s’est retrouvé pendant une journée ultra productive pendant laquelle on a fait les premiers tests. Puis, on les a gardés pour nous jusqu’à avoir cette opportunité de résidence pour travailler dessus.

Damiano : On cherchait quelque chose qui pourrait aider à faire connaitre nos métiers. Ce que je trouve intéressant avec cette nouvelle itération de _​First A/V, c’est que ce n’est pas seulement un produit que les élèves, les enfants ou les personnes avec peu de connaissances peuvent utiliser. C’est un vrai instrument digital, un outil d’expression pour les artistes aussi.

On sent l’envie d’aider les gens à mettre le pied à l’étrier.

Z. : J’aime le côté design social où on se rapproche du public pour des raisons pédagogiques. Mais il y a aussi des raisons plus personnelles.

D. : Ma copine a un looper qu’elle n’a pas réussi à utiliser directement. Il me paraissait super facile mais en réalité, il était déjà un peu trop complexe pour quelqu’un qui n’a pas l’habitude, la prise en main n’était pas immédiate. Cette expérience m’a donné envie de montrer qu’il est possible de créer un outil basique et qui marche pour tout le monde.

Z. : Moi, je fais beaucoup de récupération d’images réelles que je détruis à tel point que j’en fais des textures. Beaucoup de gens ne comprennent pas, donc c’est une façon d’expliquer ma propre démarche en la décortiquant. C’est dommage qu’on voie la création numérique comme quelque chose d’ultra technologique et pas accessible alors que dans certains cas, c’est l’une des choses les plus accessibles qui soit. L’outil qu’on propose avec _​First A/V n’est pas facile dans sa programmation, donc il ne sera pas facile à refaire. Mais notre but, c’est d’offrir aux autres la possibilité de faire un premier pas dans la création. (photos © Nathan Roux)

Comment s’est passée la première semaine de résidence aux Rotondes. On était très impressionné par votre mind map dessiné au tableau dès le premier jour !

D. : La résidence nous a permis de nous concentrer à nouveau sur le projet, elle nous a offert plus qu’une journée pour travailler dessus. Quand je commence à coder des trucs, les derniers 20% du travail prennent autant de temps que les premiers 80%. Le plus dur, c’était de trouver du temps pour nous replonger dans le projet et d’avancer sur les détails.

Z. : C’est ça, de pouvoir affiner et optimiser. Quand on avait fait cette première journée ensemble, on n’avait pas du tout le matos qu’on voulait utiliser. Pendant la résidence, on a pu combiner tous nos fichiers sur un même ordinateur, on a enfin eu le bon contrôleur et ça nous a permis de construire un prototype.

D. : On a pu valider les idées qu’on avait. 

Z. : Et mener des premiers tests pour savoir si on allait vers le bon public, voir ce qui marchait et ce qui ne marchait pas, et ainsi confirmer ou infirmer nos hypothèses. En résumé, l’objectif de la première semaine, c’était de réussir à revenir sur nos pas, de tout combiner, d’optimiser au maximum, et de faire tester le dispositif pour pouvoir faire certains choix au cours de la deuxième semaine de résidence.

Justement, vous avez déjà fixé des objectifs pour cette seconde semaine ?

Z. : On va faire d’autres tests pour déterminer si notre prototype est intuitif et fonctionne bien tant au niveau du code et que des instruments qui sont utilisés. Le but, c’est de pouvoir nous concentrer sur l’objet en lui-même quand on sera en résidence à BLIIIDA.

D. : J’ai des idées dont Zohra ne sait encore rien ! [sourire] Disons qu’il faut commencer à penser au design de l’objet et que j’ai pu travailler avec mon imprimante 3D pendant les vacances de Noël.

Z. : À BLIIIDA, on aura un autre accompagnement qu’aux Rotondes parce qu’ils ont des machines, des menuisiers. Là-bas, on va pouvoir travailler à la création d’un bel objet. Alors aux Rotondes, on va continuer les tests et surtout collecter le feedback du public et des statistiques quantitatives pendant Multiplica Lab. Est-ce que c’est facile à utiliser pour tout le monde ? Trop facile pour celles et ceux qui connaissent un peu ce genre d’outil de création ? Ou est-ce que c’est compliqué pour tout le monde ? J’espère qu’au final, on aura le temps de créer des interfaces pour différents publics.

_​First A/V porte un fort aspect pédagogique.

Z. : Ce projet, je le fais en partie parce que j’aurais aimé que, pendant mes études, quelqu’un me montre un objet comme ça. Aujourd’hui, je ne fais pas le travail que j’ai été formée à faire parce que j’ai découvert autre chose juste après. _​First A/V, c’est notre façon de dire que ce mélange de création numérique visuelle et sonore est vraiment plus accessible que ce qu’on pense. C’est un terrain de jeu qu’on a envie de partager.